Mukherjee Meera, Metalcraftsmen of India, Calcutta, Anthropological Survey of India, 1978
→Meera Mukherjee: Purity of Vision, Ahmedabad, Mapin Publishing, 2018
Meera Mukherjee, a retrospective 1963-1983, Jehangir Art Gallery, Bombay, 4 – 12 avril 1983
Sculptrice indienne.
Formée au style pictural de l’école du Bengale, mouvement qui prône un retour aux traditions indiennes en réaction à l’académisme occidental, Meera Mukherjee l’est également à la sculpture auprès d’artisans traditionnels. En 1941, elle s’inscrit à la Delhi Polytechnic, dont elle sort diplômée de peinture, de graphisme et de sculpture en 1951. Ayant obtenu une bourse d’études à l’académie des beaux-arts de Munich, elle s’installe en Allemagne ; ce séjour (1953-1956) lui fait prendre conscience des lacunes de l’enseignement artistique qu’elle a reçu ; l’éloignement la pousse à se questionner sur son identité. Commence alors sa « quête d’indianité », tant stylistique que personnelle. Rapidement, elle se consacre à la sculpture, sans toutefois abandonner totalement la peinture et le dessin. En 1956, elle choisit de rentrer à Calcutta. Encouragée par un ami anthropologue, elle part au Bastar (Madhya Pradesh) pour étudier la technique particulière des Gharua, qui utilisent un procédé traditionnel et primitif dit de « cire perdue ». Suivront d’autres voyages financés par d’autres bourses. Son grand tour de l’Inde lui permet de travailler avec d’autres artisans traditionnels et de multiplier les sources d’inspiration. La somme de ses recherches et de ses découvertes sera d’ailleurs publiée en 1978, sous l’égide de l’Anthropological Survey of India, dans Metal Craftsmen of India [artisans fondeurs d’Inde].
À la fois femme et étrangère, elle doit faire face aux résistances des artisans à partager leur savoir-faire. Formellement, ses œuvres témoignent de ses expériences. Elle utilise les techniques, mais sa manière de donner à voir les difficultés liées à la réalisation de l’œuvre, d’imbriquer les formes, de jouer avec la surface du métal, d’en montrer les irrégularités, d’utiliser les stries non polies pour suggérer un mouvement, un élan ou au contraire une masse, est un signe de son innovation et de sa liberté d’exécution. Au milieu des années 1960, elle travaille des pièces massives, difficiles à réaliser : He Who Saw [celui qui a vu] est une œuvre conçue en 1965, puis fondue en huit parties ; plus de deux années sont nécessaires à la réalisation de la sculpture monumentale Asoka at Kalinga [Asoka à Kalinga] (Welcomgroup Maurya Sheraton, New Delhi). Avec l’âge et le temps, l’artiste réduit l’échelle de ses sculptures. Son œuvre variée aborde des thèmes de la vie quotidienne en milieu rural ou les tensions en milieu urbain (figures déshumanisées dans un bus ou révoltes estudiantines à Calcutta), ainsi que des thèmes mythiques ou historiques. Certaines sculptures sont légères, ludiques, tandis que d’autres, empreintes de quiétude, ont une dimension plus contemplative, voire mystique dans les dernières années de vie de la sculptrice.